GUY LUYPAERTS - Portrait
Guy LUYPAERTS (1917-2015)
Un musicien d'exception, au parcours hors du commun.
Citoyen de Montmartre, né dans ce village du cœur de Paris le 29 septembre 1917, Guy Luypaerts est l'enfant du quartier dont l'empreinte aura marqué plusieurs générations de mélomanes, amoureux de la Chanson française. Tour à tour complice de Charles Trenet et d'Édith Piaf, il signe des enregistrements qui ont fait le tour du monde. Qui mieux que lui pouvait composer " PIGALLE "... ? cettte chanson au succès international, célèbre mélodie au style caractéristique, dont le thème a traversé presque tous les continents, du cabaret au concert, dans des versions les plus diverses : de l'accordéon musette, jusqu'aux... 12 violoncelles de la Philharmonie de Berlin ! Voici le portrait de l'enfant des faubourgs, compositeur et chef d'orchestre, trottinant sur les chemins de la gloire :
En 1937, Guy Luypaerts intègre le pupitre des contrebasses à cordes de la Musique de l’Air, formation toute récemment créée, que dirige le capitaine Claude Laty, et qui est stationnée dans l’enceinte du Ministère de l’Air de Paris-Balard. Guy Luypaerts n’abandonne pas pour autant sa passion. Il poursuit en parallèle sa carrière au music-hall, avec un emploi du temps bien rempli : musicien militaire le jour, pianiste de cabaret la nuit..!
Peu avant la déclaration de la guerre, précédé par sa notoriété affirmée, il est sollicité pour accompagner un jeune premier qui deviendra l’une des plus grandes figures de la chanson française : Charles Trenet. En effet, par une heureuse coïncidence, l’armée de l’Air a rapproché les deux hommes en orchestrant involontairement leur rencontre : Trenet, natif de Narbonne, est mobilisé en 1936 sur la Base aérienne d’Istres, puis muté, à sa demande, en région parisienne, sur celle de Vélizy-Villacoublay.
Trenet, de quatre ans son aîné, débarque donc à Paris en 1938. On le surnomme le « Fou chantant », après son triomphe sur la scène du célèbre cabaret l’ABC. Auréolé du succès des chansons « Je chante » (1937) et « Y-a d’la joie » (1937), ainsi que de plusieurs apparitions au cinéma, Charles Trenet est reconnu comme une très grande vedette, particulièrement populaire, que l’on écoute régulièrement sur la T.S.F. L’artiste a déjà réalisé plus d’une vingtaine d’enregistrements discographiques et signe d’importants contrats qui le propulsent sur la plupart des grandes scènes où son immense talent explose.
Considéré comme le « Père » de la chanson française, on lui doit à juste titre l’introduction dans ses mélodies d’un feeling issu de rythmes habituels issus du jazz, ainsi que des textes empreints de poésie, reflet de son extrême sensibilité.
C’est dans ce contexte d’intense notoriété, que la rencontre des deux hommes se produit : le sous-officier Luypaerts et le soldat Trenet sont détachés auprès du « Théâtre aux Armées », spectacle itinérant, destiné à égayer le moral des troupes, après les chocs de la « drôle de guerre », puis de la débâcle. Les deux artistes se produiront ainsi dans plusieurs villes de France. Lors d’une tournée dans le Sud de la France, devancés par leur succès, ils seront reçus, au titre d’invités d’honneurs, par SAS le Prince Louis II de Monaco, surnommé le « Prince-Soldat », qui sera promu général de division en 1939.
Entre les deux artistes, alors dans la force de leurs vingt ans, s’engage une longue complicité qui se poursuivra par une collaboration musicale et fraternelle de près de quarante ans.
Quelques jours après l’entrée en guerre de la France, la Musique de l’Air rejoint Toulouse-Francazal, via Rennes. Dès lors, la formation est débaptisée, au profit d’une nouvelle appellation : « Musique des œuvres de l’Air » : elle est dirigée par le capitaine Roger Fayeulle, puis par le capitaine Robert Clérisse. Cette phalange musicale produit des concerts hebdomadaires de grande qualité, diffusés en direct par la TSF.
Guy Luypaerts qui a réintégré son unité dans le Sud-Ouest, participe également à la création de l’orchestre « Le Plazza » qu’abrite le cinéma du même nom, et dont la vocation est l’accompagnement d’artistes de variétés, à l’instar de Ray Ventura (1908-1979). Ventura innove en instaurant un style de spectacle totalement original, mêlant la chanson, le jazz, l’humour et les sketches, ponctués par ses immenses succès obtenus lors du Front Populaire, aux titres évocateurs et enjoués : «Tout va très bien Madame la Marquise» (1936) «Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine» (1936) «Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête ? » (1937) etc…
À la libération, après sa démobilisation, Guy Luypaerts forme son propre orchestre, qui intervient de façon régulière dans les spectacles de music-hall. Tour à tour arrangeur, pianiste et chef d’orchestre, Guy Luypaerts se produit à la tête de sa formation, dans les grandes métropoles : Toulouse, puis Marseille qu’il retrouve après y avoir épousé Madeleine en 1941, avant de rejoindre Paris.
De plus en plus impliqué dans le métier, Guy Luypaerts collabore également avec Jo Bouillon, le chef réputé de l’un des plus fameux orchestres parisiens, dont il devient l’arrangeur attitré. (Jo Bouillon sera plus tard le futur mari de Joséphine Baker, la légendaire artiste du music-hall).
En 1946, Guy Luypaerts compose la musique [en collaboration avec Georges Ulmer (1919-1989)] d’une chanson qui fera le tour du monde, obtenant un succès considérable qui ne s’est jamais démenti : « Pigalle », valse-musette consacrée à l’immortel cliché touristique parisien. Le titre, véritable tube, toujours d’actualité, a été au répertoire de nombreux orchestres et chansonniers, notamment avec « Les compagnons de la chanson ».
Musicien affirmé que l’on remarque pour sa manière personnelle d’orchestrer, Guy Luypaerts rencontre Édith Piaf (1915/1963), cette immense artiste qui a conquis le cœur des Français, et qui s’engage dans une carrière internationale, volant de succès en succès. Edith Piaf, avait l’habitude de se rendre au domicile du compositeur afin de lui proposer de nouvelles chansons, à arranger ou orchestrer.
En 1946, Guy Luypaerts compose la musique du film « Étoile sans lumière » dont Édith Piaf est l’héroïne, et qui concrétise les débuts au cinéma d’Yves Montand, avec, pour partenaires, Jules Berry et Serge Reggiani.
À l’instar de Charles Trenet, Edith Piaf sollicite l’orchestre, conduit par Guy Luypaerts, afin de l’accompagner lors de ses tournées et récitals. De nombreux enregistrements sont également réalisés au cours de cette étroite collaboration.
Ainsi, en 1947, l’orchestre de Guy Luypaerts grave « La vie en rose », l’une des plus belles chansons du répertoire de Piaf, qui deviendra un succès éternel à la dimension internationale.
Guy Luypaerts a eu le privilège d’accompagner régulièrement la star, tout au long de sa carrière. Il en sera de même avec bon nombre d’artistes, tels que Georges Guéthary, entre autres. Plus tard, Madeleine Luypaerts se souviendra avec émotion des amants enlacés (Édith Piaf et Yves Montant) en son domicile montmartrois.
La même année (1946), l’orchestre de Guy enregistre « Le Chant des Partisans » (A.Marly/J. Kessel, M. Druon) avec Germaine Sablon (1899-1985) chanteuse, actrice, et résistante, qui a vécu personnellement la genèse et la création de cet « Hymne à la Résistance », et qui finalisa la version chantée de cette composition, désormais intégrée au patrimoine national.
Guy Luypaerts, dont la renommée va crescendo, donne plusieurs compositions personnelles : « Balade des petits lutins », « Rêver », « Libellule » qui affirment son succès, et qu’il grave au disque avec un quintette à l’instrumentation pour le moins originale : violon alto, célesta, accordéon, contrebasse à cordes et guitare.
Dans un style très différent, éloigné de la musique de variétés, Guy Luypaerts compose une mélodie classique intitulée « Métamorphoses », dont l’esquisse a été copiée à même la nappe d’un restaurant de Marseille.
L’œuvre sera créée par Camille Maurane, le grand baryton français, professeur de chant au Conservatoire de Paris, légendaire Pélléas. Elle sera interprétée ensuite par la cantatrice Janine Michaud, figure non moins éloquente du chant lyrique français.
Guy Luypaerts continue son étroite collaboration avec de nombreux artistes, notamment avec son camarade Charles Trenet, pour qui il signe une nouvelle orchestration de « La Mer », gravée en 1975, à l’Olympia, lors des adieux à la scène du musicien-poète.
Peu après la libération, Guy Luypaerts est sollicité par les services de la Radio Télédiffusion Française afin de réaliser les arrangements d’orchestre d’une série d’émissions de musique légère diffusées sur les ondes. Il dispose alors d’un orchestre symphonique d’une soixantaine de musiciens qu’il dirigera régulièrement pendant près d’une trentaine d’années sous l’égide de l’ORTF, puis de Radio-France.
Dans les années 50, consacré par ses talents d’arrangeur, Guy Luypaerts est contacté par la firme américaine Capitol, afin de réaliser des arrangements orchestraux destinés à la télévision américaine.
Surpris par la qualité et la rapidité du travail fourni, un représentant de la société américaine se rend plusieurs fois par semaine au domicile du compositeur afin de commander de nouveaux travaux. L’appartement de ce dernier se transforme alors en un véritable atelier, où plusieurs copistes rédigent les matériels d’orchestre en temps réel. Cette intense collaboration durera… une année entière, avec près de 240 titres !
Fort de son expérience, Guy Luypaerts poursuit sur sa lancée, en réalisant pour Capitol quatre albums discographiques intitulés « Portraits Symphoniques », consacrés aux maîtres du jazz symphonique et de la musique légère : George Gershwin, Richard Rodgers, Cole Porter et Irving Berlin. Le succès est total puisque Cole Porter tiendra à féliciter personnellement Guy Luypaerts pour la qualité de son interprétation et de ses arrangements. Cette série discographique, destinée au marché américain, obtint un énorme succès.
Suivra également une intense collaboration artistique entreprise avec la télévision américaine, qui se concrétisera par la composition de musiques destinées à des émissions (CBS), et des séries télévisées (Captain Gallant of the foreign legion, avec 39 films).
Fidèle à son idéal, Guy Luypaerts a particulièrement œuvré pour la défense de la musique légère, en fondant notamment en 1971, l’Association Symphonique de Musique Légère qui, outre la programmation régulière de concerts, a obtenu du Ministère de la Culture de nombreuses commandes à des compositeurs tels : Paul Bonneau, François Rauber, Camille Sauvage, Wal-Berg, Paul Misraki, Roger Roger, Pierre Ancelin, etc…
Témoin de son immense succès, ce concert conduit par Guy Luypaerts, donné à Paris, au Théâtre du Châtelet, devant une salle comble, avec l’Orchestre des Concerts Colonne, dont le programme était le suivant :
- Ouverture du Carnaval Romain (H. Berlioz) ;
- 2ème Concerto pour piano (S. Rachmaninov) (Daniel Wayenberg, piano) ;
- Rhapsodie sur des thèmes juifs (G. Luypaerts) ;
- Concerto en fa (G. Gershwin) (Daniel Wayenberg, piano)
Évoluant à son aise au sein de la sphère symphonique en qualité de chef d’orchestre, Guy Luypaerts dévoile une autre facette de son talent, par le biais de la composition. Il met à jour plusieurs compositions d’envergure, empreintes d’un langage tout à fait personnel, qui connaîtront à leur création un vif succès.
Ainsi, plusieurs œuvres concertantes sont créées et enregistrées avec la participation de talentueux artistes :
- « Concerto pour piano et orchestre » (créé par Françoise Petit – enregistré par Maurice Blanchot) ;
- « Fantaisie pour alto et orchestre » (créé par Jean-Claude Dewaele, de l’Opéra de Paris)
- « Concerto pour violon et orchestre » (créé par André Auvigny, soliste de l’O.R.T.F.)
- « Concerto pour flûte en sol et orchestre» (créé par le fils du compositeur, Guy-Claude Luypaerts)
- « Concertino pour trombone » (créé par Guy Paquinet)
À noter que l’enregistrement du « Concertino pour trombone » dans sa version symphonique, ne pouvait trouver meilleur interprète que Guy Paquinet (b.1903). En effet, cette œuvre au langage et aux couleurs du jazz a été magistralement interprétée par celui que l’on considère comme l’un des meilleurs trombonistes de jazz de la première génération. Guy Paquinet qui avait fait des études classiques au Conservatoire de Paris, s’est orienté ensuite rapidement vers la musique de jazz. Souvent comparé à l’américain Tommy Dorsey, il a été de presque toutes les grandes formations parisiennes, et s’est illustré avec d’éminents comparses, à l’image de Django Reinhardt (guitare), Coleman Hawkins (saxophone) ou Benny Carter (saxophone).
Lors d’un concert donné à Paris le 8 mars 1952, sous la direction de Jean Fournet, l’Orchestre des Concerts Lamoureux donne en création la « Symphonie » de Guy Luypaerts.
Destinée à la danse, la composition « Musique de Ballet » extraite du triptyque « Structures » verra le jour, quant à elle, à Paris, sous les pas de Claude Bessy, étoile et future directrice du Ballet de l’Opéra de Paris, qui en a signé l’argument.
Autre concert concrétisant le talent de compositeur de Guy Luypaerts, et particulièrement cher à son cœur, celui donné à Paris en la Cathédrale Saint-Louis des Invalides pour la création de la monumentale « Gospel Rhapsody » donnée par l’orgue, l’Orchestre, les solistes et les Chœurs de l’Ile-de-France.
Le compositeur Henri Dutilleux écrira à Guy Luypaerts une très belle lettre d’éloges à propos de la « Rapsodie sur des thèmes juifs », composition profonde, au langage particulièrement novateur. À signaler également plusieurs pièces orchestrales magistrales, données par le compositeur et l’orchestre de la radio : « Fantasmagorie »,
« Grinzing » aux sonorités viennoises, et « Sortilèges ».
- « En souvenir de … » Sous ce titre, derrière ces points de suspension, sembler percer la nostalgie. Guy Luypaerts ne pose pas là une énigme, bien moins une devinette. Il se souvient, tout simplement avec tendresse, avec émotion. Il se souvient d’une époque, déjà lointaine, d’une année bien précise 1942, qui vit éclore, sous la plume du jeune compositeur qu’il était alors quatre mélodies, quatre chansons, quatre succès : « Libellule », « Métamorphose », « Rêver » et « Monde ».
Ces quatre chansons, Guy Luypaerts les a repensées, paraphrasées et ordonnées en une véritable suite symphonique. Il les a orchestrées pour l’orchestre d’harmonie, mais en divisant les bois à l’extrême, en utilisant les cuivres que par petites touches. La palette sonore est très fine et très différenciée, ce qui est à l’opposé de la notion traditionnelle d’orchestration pour harmonie. En ce cens précis, Guy Luypaerts, a cherché, et trouvé, de nouvelles voies pour l’orchestre d’harmonie
- « Evergreen », commande d’État, dont le titre suffit à évoquer l’Irlande. En sept tableaux contrastés, où alternent l’émotion, l’humour, la rêverie, la fantaisie, Guy Luypaerts, par petites touches, avec délicatesse mais avec précision, nous peint un peu du pays et de l’âme de l’Irlande, auxquels il a dédié son œuvre. Sans jamais faire appel au folklore, sans recherche systématique de couleur locale, il exprime beaucoup de la vérité irlandaise.
Cette suite a été primée deux fois en Irlande, et enregistrée par la Musique de la Police Nationale, sous la direction du regretté Pierre Bigot (1932-2008), l’un des plus ardents défenseurs du répertoire de Guy Luypaerts ;
- « Araksi » fresque aux couleurs de la musique arménienne, créé par l’Orchestre d’harmonie de la Garde républicaine, sous la direction de François Boulanger ;
- « Mare Nostrum » dont la création a eu lieu en 1991 aux États-Unis, par la Musique de l’Air de Paris.
- « Sweet-Music » ; « Far-West » ;
- « Music-Hall » Tryptyque symphonique : Music-hall parade - Dizzy - Paris ;
- “ Amérique Latine ” Rapsodie colorée sur des rythmes typiques représentatifs d’États d’Amérique du Sud : samba, bossa nova, ranchera, tango, conga…
- “ Un bon petit diable ” pour Saxophone alto, créé par Jacques Desloges (soliste de la Musique de la Police Nationale et de Radio-France). Œuvre primée en 1979 lors du concours de composition instrumentale organisé par la Confédération Musicale de France ;
- « Fantaisie concertante » pour Saxophone alto ;
- « Hawaï » (œuvre imposée par le Ministère de la Culture) Suite en deux mouvements : Soleil couchant et Tumulte ;
- «Croisière » (primé lors d’un concours de composition de la C.M.F.). Suite descriptive en quatre mouvements, représentant quatre pays bordant la Méditerranée ;
- « Trois Roses » Suite en trois mouvements : Danse des sauterelles – Sentimentale - Faut prendre la vie du bon côté ;-
- « Exotica » ; « Andante et allegro » pour flûte et orchestre ;
- « Concertino pour trombone », donné en création à Paris, le 27 janvier 1997 par Gilles Millière et la Musique de l’Air ;
- « Cascade » pour 4 saxophones et orchestre, interprété par la Musique de la Force aérienne Belge, direction Alain Crepin etc…
Lors de la naissance du genre « batterie-fanfare » aux débuts des années 60, Robert Goute, emblématique Tambour-Major de la Musique de l’air, et condisciple de Guy Luypaerts en 1938 au sein de cette institution, sollicite son camarade pour la création d’un répertoire moderne. La réponse du compositeur sera immédiate, à l’image du succès de la « nouvelle vague » qui déferle aussitôt sur ce genre singulier. En quelques titres aux résonances tropicales, ou colorées par l’esprit jazz, tel « Bugle riff », Guy Luypaerts donne à lui seul une orientation novatrice à cette musique limitée par nature, en élargissant considérablement ses perspectives de style et d’intonation. Par le biais du disque microsillon, les premiers enregistrements réalisés par Robert Goute à la tête de la Batterie-Fanfare de l’Air, obtiennent un succès considérable auprès du public et contribuent à la diffusion d’un répertoire inattendu, jusqu’alors inconnu.
Les sociétés musicales populaires s’emparent alors de ce genre, au style résolument moderne. Guy Luypaerts, assurera la diffusion de plus d’une soixantaine de compositions, données au fil des années, succès constants, enregistrés et interprétés par toutes les formations musicales professionnelles, et inscrites régulièrement au programme de nombreuses sociétés musicales civiles. Le compositeur a su imposer son style propre, dans un genre où il a figure de pionnier, et pour lequel il a contribué tout particulièrement à conférer ses lettres de noblesse.
Mélodiste né, Guy Luypaerts, en homme de cœur, doté d’une sensibilité extrême, a privilégié comme ligne de conduite artistique, un langage musical en provenance de son âme. Sa musique se traduit par une sincérité de l’inspiration alliée à la clarté de l’expression. Au travers de genres variés, déclinés en plus de 600 titres, il nous irradie et nous illumine, à l’image de l’homme au sourire charmant et à la joie naturelle inaltérable.
Guy Luypaerts, dont le répertoire est aussi riche que varié, a fait l’objet de plusieurs récompenses :
- 1er Prix du concours international de composition de musique symphonique légère (1963) avec l’œuvre « Éclosion » ;
- En 1969, la SACEM décerne pour la première fois le Grand Prix de la musique symphonique légère. Cette distinction est remise à Guy Luypaerts par le compositeur Georges Auric, membre de l’Institut de France ;
- En 1987, la SACEM lui attribue pour la seconde fois (fait très rare) le Prix de la musique symphonique légère ;
- En 1996, la SACEM décerne à Guy Luypaerts la médaille d’argent « Musique vivante », à l’occasion de ses 50 ans de sociétariat.
© Jean-Louis COUTURIER [D’après les informations recueillies auprès de M. Guy Luypaerts.]
[septembre 2008]
Tous droits réservés.
Discographie, disques 33T
- “A symphonic portrait of C. Porter/I. Berlin/G. Gershwin/R. Rodgers” 4 disques - Capitol
- “The Esquire Album of Music for Continental Host” - RCA Victor
- “Music of the Volga” – RCA Victor
- “Music of the Danube” – RCA Victor
- “My Paris” – Capitol
- “Holiday in the South” - Decca
- “Rêveries d’Europe” – Capitol
- “Rainy Night in Rome” – Capitol
- “One night in Monte-Carlo” – RCA Victor
- “Y’A d’la joie » - M.G.M.
- « Six Opérettes célèbres » - Trianon
Guy Luypaerts est né à Paris, durant la Grande Guerre, d’une mère parisienne, et d’un père d’origine bruxelloise dont la famille est implantée dans la capitale, près de la Butte Montmartre. Enfant, il évolue dans ce quartier pittoresque, au milieu du monde des cabarets et des chansonniers, et est attiré très tôt par la musique qu’il découvre. Il s’émerveille des sonorités du jazz qui pointe son nez, inondant Paris et le vieux continent. Tenant de son Père une oreille musicale particulièrement sûre, il choisi de s’orienter très jeune vers l’apprentissage du piano, de manière autodidacte.
Tout jeune pianiste de jazz, Guy Luypaerts joue dans plusieurs orchestres célèbres avant-guerre. Il se produit dans les cabarets parisiens, où il acquiert son métier, en côtoyant des artistes et des vedettes prestigieuses, à l’instar de Bill Coleman (1904-1981), le « gentleman de la trompette » qui contribua à instaurer en France le style du swing.
Music-hall et chanson française
En 1939, peu après leur rencontre, Charles Trenet créera la première chanson de Guy Luypaerts « Près de toi mon amour » qui sera aussitôt enregistrée sous la direction de Wal-Berg (1910-1994).
Plusieurs chansons naîtront ensuite de leur étroite complicité : « La folle complainte », « Deux mots à l’oreille », « Un air qui vient de chez-nous », « Liberté » (1945).
La voie du succès et de la renommée est désormais tracée…
Dans ses compositions, Guy Luypaerts a toujours accordé une importance particulière à la ligne mélodique, en privilégiant «cette musique qui vient du cœur » ; toute son œuvre en témoigne. Cette disposition est très perceptible dans les thèmes destinés à ses chansons. Aussi, à deux reprises, Guy Luypaerts reçoit le Premier Prix du concours de la chanson française de Deauville avec « Maïa » (1950) créé par André Claveau puis, « À Compostelle » (1952) interprétée par la dynamique Annie Cordy, compatriote d’origine belge.
Musique symphonique légère
Chef d’orchestre et concerts symphoniques
Dès les années 50, à la tête de prestigieuses formations symphoniques, Guy Luypaerts donne une importante série de concerts, pratiquement toujours radiodiffusés, qui le mèneront à Paris, Bruxelles, Monte-Carlo, Lille, Toulouse, Stockholm, etc… Lors de ces concerts, Guy Luypaerts invite fréquemment des solistes de renom :
Concerts à l’I.N.R. (Radio-Belge) (1948-1950-1956) avec Camille Maurane et Jacques Jansen (barytons) ;
- Orchestre de l’O.R.T.F. (Paris concerts radiodiffusés) ;
- Orchestre symphonique de R.M.C. (Monaco) : 2 concerts (1952) ;
- Radio Orchestern (Stockholm/Suède - 1954) ;
- Gaîté Lyrique (Paris) 6 concerts publics avec en solistes Maurice André (trompette), Maurice Suzan (trombone), Maurice Blanchot (piano) et l’Orchestre de l’Association Symphonique de Paris (1955) ;
- Concert au Capitole de Toulouse avec l’Orchestre de la Radio (soliste Daniel Wayenberg, piano) - 1959.
- Orchestre composé de musiciens issus de l’Orchestre National de Belgique et du Théâtre de la Monnaie de Bruxelles (33 concerts publics – 1953) ;
- Concerts à l’Opéra de Lille avec l’Orchestre de la Radio, solistes Maurice André (trompette) (1958), Françoise Petit (piano) (1960).
Compositeur
L’orchestre d’harmonie
Après la disparition des orchestres symphoniques dédiés à la musique légère, dont celui de Radio-France, au début des années 80, Guy Luypaerts se tourne vers l’orchestre d’harmonie, genre qui est, selon lui, l’un des derniers défenseurs du répertoire populaire.
C’est ainsi qu’un abondant répertoire a pris naissance, parmi lequel on peut citer plusieurs titres majeurs :
La Batterie-Fanfare
Distinctions
Guy Luypaerts s’est consacré sa vie durant à la musique, art dont il a vécu essentiellement.
Conscient de son parcours exceptionnel, et de sa réussite riche en succès, l’homme évoque volontiers sa
« bonne étoile ».
« Être star, c’est toute ma vie », titre de l’une de ses compositions, est une formule imagée qui résume bien le parcours et la fructueuse carrière de Guy Luypaerts depuis de longues décennies, de l’enfant surdoué à l’artisan majeur de la vie musicale française.
Doté d'une constitution robuste, Guy se résigna à quitter le quartier si cher à son cœur, au terme d'une vie bien remplie.
Gardant son délicieux sourire, et son éternelle candeur, il décède le 19 septembre 2015, à quelques jours de son 98ème anniversaire.